Extrait de lecture (Christiane Singer, les âges de la vie, éditions Albin Michel, p. 25-27)
Leçon de choses.
Décor : une fenêtre ouverte peut suffire - un banc de square -, mieux encore : la forêt.
S'immobiliser; Stopper la toupie verbale qui entraîne notre esprit dans sa giration obsessionnelle. Se taire passionnément. Et chaque fois qu'une association de pensées se faufile, s'immisce dans une fêlure de notre attention, la rejeter impitoyablement.
Ne rien faire, ne rien déranger. Dériver.
Assise sur un rocher, je laisse le froid visiter l'épaisseur de mes jupes.
Me traversent les crissements et les bruits, l'odeur de la terre.
Suspension. Pointe aiguë. L'envie de crier.
Soudaineté de la perfection.
Où allais-je chercher l'aventure?
Je n'écoute pas. Les sons me recouvrent comme lichen.
Je ne regarde pas. Les branches et leurs ombres poussent dans mes yeux ouverts.
Je ne respire pas. Un souffle régulier m'habite et me scande.
Je ne flaire pas. Les odeurs m'enfouissent au ventre leurs rhizomes.
Absence et suspension.
Où allais-je chercher l'aventure?
Une escapade semblable permet au moins deux découvertes : en ne faisant rien, celui qui n'a rien fait a déjà fait beaucoup; et ce qu'il faut à l'homme pour aller au bout de ses rêves et de ses possibilités n'est rien d'autre que ce qu'il a déjà : son corps.
Dès lors, tout s'éclaire.
Ce que la méditation a de si suspect pour l'ordre social et économique, c'est qu'elle nous apprend à nous mouvoir ailleurs, dans un univers dont les richesses innombrables échappent aux circuits monétaires et marchands.
J'aime vos trois arbres enlacés.
RépondreSupprimerIls existent, je les ai juste dessinés. Merci!
SupprimerUn petit bonjour en passant... Je continue de te lire, toujours avec plaisir, souvent avec émotion.
RépondreSupprimerBises,
la zébrée
J'aime bien te savoir pas trop loin...
SupprimerBises!
Ne rien faire, ne rien déranger. Dériver.
RépondreSupprimerTes photos m'y incitent... plus facile à lire qu'à faire ! ;-)
Une des choses les plus difficiles, surtout pour nous, les occidentaux.
SupprimerBises!
Et votre terre dessinée avec ce bateau naïf et vos dessins et l'ambiance de chez vous toute en sérénité tranquille.
RépondreSupprimerChez vous ça sent le linge propre et repassé et une forme de paix. Voilà, chez vous c'est apaisant.
;-))))
SupprimerAh, mais c'est que ce blog reflète alors une partie secrète de mon être, car.... la bête noire de la maison, c'est le linge, toujours empilé en vrac, débordant et jamais repassé. Il fallait donc créer cet espace pour remédier à cela... c'est ce qui me vient en vous lisant et m'apporte un joli sourire pour aller me coucher.
Merci Chri!
Alors disons le linge propre, mais jamais repassé, jamais aplati. Le linge toujours vivant!
SupprimerComme c'est vrai et juste... prendre le temps de se poser et se laisser envahir, ressentir par tous les pores de sa peau... et oui, tout se printemps enchante nos yeux.
RépondreSupprimerPS: chez nous les cerisiers sont encore en bourgeons
Texte qui me parle beaucoup, moi qui pratique, ou du moins qui essaie de pratiquer, la pleine conscience.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce dessin des trois arbres. :-)
Hier il pleuvait et certains de mes petits élèves savouraient l'eau qui coulait au creux de leur main.
RépondreSupprimerTu le sais, j'ai lu (on en a déjà parlé) tout Christiane Singer, et j'aime la retrouver au hasard des blogs préférés; c'est comme un cadeau.......La pause est nécessaire, c'est comme en musique........................et j'aime tes arbres!
RépondreSupprimer"Regarde bien les arbres.
Ils savent comme nous, qu'ils doivent mourir un jour,
mais ils ne pensent qu'à une chose:
grandir, monter le plus haut possible."(C.Signol) Mais les arbres savent-ils qu'ils vont mourir? en tout cas, ils montent vers la lumière!
Anne, tu ne verras certainement pas ce message, mais je relis les mots que tu as laissé et je les trouve "succulents", merci!
SupprimerLe printemps… C'est toujours une joie renouvelée…
RépondreSupprimerJe vais imprimer ce texte et cette magnifique conclusion : c'est la quintessence de ce que j'essaye d'atteindre me débarasser de tout ce superflu pour trouver une certaine paix, une certaine force. MERCI
RépondreSupprimerC'est magnifique Christiane. Ce texte, comme souvent mes lectures chez toi, tombe à point nommé. J'essaye de plus en plus (l'âge peut être?) de suspendre le temps, de contempler, de m'extraire du tourbillon. Difficile et pourtant désormais vital.
RépondreSupprimerTon premier dessin me touche et me rappelle les vergers de mon enfance, quand on allait voler des fruits avec mes cousins, et qu'on courait comme des fous pour ne pas se faire prendre.
Je t'embrasse fuertisimo! (et la salsa???)
Zénitude du voyage intérieur... Beau dimanche en famille, chère Christiane
RépondreSupprimerje ne connaissais pas Christiane Singer...merci pour ce partage, cette quête qui va tellement à l'encontre des valeurs dominantes de notre société actuelle.
RépondreSupprimeret les photos sont très belles aussi...
richesse du voyage intérieur !
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