mercredi 28 mars 2012










Je me souviens de ces excursions en montagne, lorsque j'étais enfant, sur ma terre natale,
C'était l'été.
Le matin, commencer sur des chemins caillouteux.
D'abord, la fraîcheur, la densité des sapins empêchant le soleil de nous atteindre.
Puis les muscles s'échauffaient et la marche prenait un rythme régulier.
Venait le temps de la pause, sur un caillou ou un rocher, 
l'air si pur,
le ciel souvent bleu,
peu de monde en ce temps-là sur les sentiers des montagnes.
Un sandwich, 
un morceau de fromage, 
une pomme, 
des raisins secs, 
puis, inévitablement le morceau de chocolat. 
Notre mère nous proposait les victuailles.
Elle était gaie et enjouée, enthousiaste de nous inviter à manger toutes ces choses préparées la veille dans sa cuisine.
Puis nous reprenions la marche,
en direction du sommet,
celui que mon père avait décidé de conquérir.
Parfois, nous mettions une corde de sécurité,
car à certains endroits, les pentes étaient abruptes, à d'autres, la montagne restait gelée et enneigée toute l'année, avec des crevasses invisibles. 
Ce cordage  nous reliait et nous obligeait à marcher d'un même pas.
Mon père, devant,
donnait le rythme,
il y avait mon grand frère, 
devant moi,
ma mère fermait la cordée.
Après plusieurs heures de marche, 
le sommet, bien que nous nous en approchions, 
paraissait immense,
inatteignable,.
la dernière heure pour l'atteindre interminable.
Parce que je savais que, de là-haut,
le champ de vision allait devenir si large, 
une promesse métaphysique que, même un enfant peut croire, 
et qui donnait le courage nécessaire pour terminer cette ascension.
Puis, 
le chemin s'arrêtait, 
un amoncellement de pierres, comme un autel, 
le vent souvent, 
et cette vue gigantesque sur les autres montagnes,
un sourire de satisfaction sur tous les visages,
un accord parfait 
entre le corps et l'esprit,
entre les protagonistes,
les pieds enracinés sur un caillou et la tête légère comme une plume.
C'est juste un souvenir. 
Ce n'est pas de la nostalgie.
Si je l'écris ici,
c'est pour parler du présent. 
Je gravis une montagne. 
Mes pas sont lents mais réguliers.
Je suis en marche vers un sommet,
sauf que là, 
je ne connais pas encore son nom.

Ici, où , 

comme sur les sentiers sauvages de mon enfance, les promeneurs sont rares,
un petit mot que je dépose ce soir,
une pause dans ma randonnée,
un morceau de pomme, de sandwich ou de chocolat
un peu d'eau fraîche,
que je partage avec vous, 
le temps de reprendre ma route.



6 commentaires:

  1. Il est bien tard quand je viens lire ce billet. C'est une pause dans ma randonnée moi aussi ce soir!
    (Une randonnée au pas de charge, pas vraiment le temps de faire des bouquets!) ;o)

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  2. Quelle équipée ! Le rythme te convenait ? je dis cela car j'ai gardé d'affreux souvenirs de ma vie adulte, en marche sur le GR corse avec des personnes bcp trop expérimentées. un calvaire qui fait que depuis ( 1980 !) je ne marche plus jamais avec personne sauf à prévenir que c'est "chacun son rythme" et aucune corde mentale

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  3. Merci à toi de ce partage... c'est en Alsace que nous nous promenions avec une barre de chocolat pour le goûter. Ce n'était pas de la randonnée, juste une marche buissonière, un glanage de trésors, nous fredonnions alors ces chansons bébêtes qui aident quand les petits réclament l'arrivée, "Un Km àpieds" "La poule n'a plus que..." etc. C'était joyeux... Encore maintenant, je glane sur mon chemin, un bonheur ici, un chagrin là, un sourire, un texte... Merci et bonne route à toi

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  4. Comme tu la décris bien, Christiane, cette ascension ! Les senteurs de la nature sont venues jusqu'à moi. Les sentiers les plus beaux ne sont pas toujours très fréquentés : parfois les itinéraires sont restés confidentiels, et ce peut être tant mieux, cheminer ainsi dans la nature silencieuse et vierge.

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  5. Ton beau texte fait écho à de très beau souvenirs de mon enfance, moins verte et moins enneigée, bien plus désertique...
    Sont remontés à la surface grâce à toi, ces magnifiques vers de Robert Frost :
    "Deux routes divergeaient dans un bois,
    et moi, J’ai pris celle par laquelle on voyage le moins souvent,
    Et c’est cela qui a tout changé"
    (the road not taken)
    Buen dia, buen viaje
    y siempre besitos

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  6. Il est bien beau ce texte... Il me rappelle d'autres randonnées, enfant, Avec le parfum des pins, la lumière éclatante du soleil et en contrebas, la mer Méditerranée transparente des côtes Catalanes... et la saveur du taboulé (!!!???) qui me revient étrangement en mémoire...
    Merci pour ces souvenirs !

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