lundi 13 mai 2013

Racines célestes



La vie est étrange, surprenante, déroutante.
Je voulais ouvrir une porte, vers l'extérieur.
Je suis partie quelques jours, juste pour vérifier que tout allait bien.
Et oui, Dieu merci, je suis en mesure de circuler dans ce monde.
Et oui, je peux aller chercher dans cette jungle humaine une nourriture et un échange de toute beauté.
J'ai peu dormi et ça m'allait bien.
J'ai beaucoup bougé, et mon corps était content de ce mouvement.
Au retour, une immense joie de retrouver cette terre où j'ai trouvé asile il y a seize ans. Une conviction que j'avais fait le bon choix, une satisfaction devant les trois enfants qui m'attendaient à la maison avec leur père. Partir seule, les laisser en quatuor. Peu à peu, la lumière s'est transformée, un agacement face au quotidien a pris toute la place, enchaînant les contrariétés, obscurcissant l'état joyeux trouvé dans ce petit voyage. Progressivement, la fatigue est venue s'installer. J'ai trouvé au fond de mon sac cet ouvrage que je voulais lire dans le train. J'avais préféré regarder le monde bouillonnant des humains, ces visages, ces paysages, écouter les sons, les voix, mon regard absorbé par ces étrangers certes, mais desquels je me sentais soudain si proche. Qu'est-ce qui m'a pris de venir m'isoler ainsi, de choisir cette vie monastique, de fonder une famille loin de l'humanité? Je suis entourée d'une nature somptueuse, le silence, une harmonie exceptionnelle, une vibration particulière sur cette colline granitique. Je commence la lecture. Je cherche des réponses à mon désarroi. Et parce que je vois qu'il y a là une pépite, et parce que ce lieu, terre indienne, est ouvert délibérément à n'importe quel(le)s visiteu(ses)rs, je n'irai pas plus loin dans ma confession mais je dépose ici le nom de cet ouvrage, quelques mots, un bloc-notes. Oui, je vous indique que je suis dans une période vulnérable. J'ai besoin de vivre une relation très intime avec moi-même alors que je suis entourée d'une jolie tribu, ma posture de mère et d'épouse n'autorisant pas cette fermeture temporaire, cette voix intérieure qui crie et qui demande une écoute de tous les instants.

Sur la premère page de ce livre de Paule Salomon qui oeuvre en moi depuis quelques jours, " La sainte Folie du couple, apprendre à vivre ensemble":
"les sexes sont peut-être plus parents qu'on ne le croit; et le grand renouvellement du monde tiendra sans doute en ceci: l'homme et la femme libérés de toutes les erreurs, de toutes leurs difficultés, ne se rechercheront plus comme des contraires, mais comme des frères et soeurs,comme des proches. Ils uniront leurs humanités pour supporter ensemble gravement, patiemment, le poids de la chair difficile qui leur a été donnée." citation de Rainer Maria Rilke






16 commentaires:

  1. Une Hirondelle13 mai 2013 à 17:44

    Résonnance de ta vie dans ma vie,de tes mots dans mes mots...Comme une correspondance...Comme deux âmes qui ressentent,qui correspondent...Résonnance intense...
    Je t'embrasse fort comme je t'aime douce Christiane.Tu es riche de tour,tu es riche de toi et je te trouve si "forte",si "courageuse" dans tes souffrances...Je n'ai pas su trouver cette "force" là....

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    1. Résonnance, oui, peut-être, involontaire de ma part, à travers l'écran, les échos sont peut-être aussi des projections. (?)
      Je ne vis pas ma vie comme une souffrance. J'ai l'habitude de recevoir ce retour des lecteurs, qui comprennent cela dans mes textes. Pourtant, je veux juste ici laisser quelques traces d'un parcours, d'une quête, d'un processus surtout. Oui, parfois l'escalade est plus difficile, parfois le chemin est caillouteux ou très raide, glissant ou le brouillard empêche d'avancer.
      Merci d'avoir laissé ces quelques mots, Hirondelle, qui me permettent de rebondir et de préciser cela.

      Et, en ce qui concerne la force, puis-je t'orienter vers ce texte superbe reçu ce matin de "Matin Magique" dont voici le lien:
      http://matinmagique.com/mi13.html

      dont voici un extrait :

      Nous sommes près de sept milliards sur Terre. Cela peut nous donner l’impression d’être petits, invisibles dans une mer de gens. Or, rien ne pourrait être plus faux… Aussi nombreux que nous soyons, la vie a une relation bien personnelle avec chacun d’entre nous. Oui, il y a des élans qu’elle ne sème que dans notre cœur à nous, des visions qu’elle ne communique qu’à nous. Juste à nous. Nous ne nous croyons pas toujours dignes d’un tel privilège, ou aussi importants, mais nous sommes tous guidés personnellement, à chaque moment. Et nous sommes tous habités d’un trésor unique – d’une magnifique essence qui cherche à s’exprimer à travers nous continuellement.


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  2. Une Hirondelle14 mai 2013 à 09:43

    ....Je suis désolée de ne pas avoir "compris" les mots...je crois que je devrais un peu quitter ce virtuel,ces mots au travers d'un écran...oui un écran....

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    1. Je t'écris en email, ce sera encore un écran, mais un peu moins. Bises!

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  3. Du même Rilke : Aimer est difficile, Vivre est difficile... Il faut se tenir au difficile.

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    1. Je trouve que la citation étoffée est encore plus juste et belle:


      "Presque tout ce qui est grave est difficile; et tout est grave. Il faut se tenir au difficile. Tout ce qui vit s’y tient…
      Une seule chose est nécessaire: la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer durant des heures personne, c'est à cela qu'il faut parvenir. Etre seul, comme l'enfant est seul...
      Il est bon d’être seul, parce que la solitude est difficile. Il est bon aussi d’aimer; car l’amour est difficile.
      Qu'une chose soit difficile doit nous être une raison de plus pour l'entreprendre."

      J'aime vos images, elles sont si paisibles,

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    2. Alors que vous écriviez la citation de Rilke, je faisais un peu de rangement d'étagères... C'est cet ouvrage précisément que j'ai retrouvé hier soir, que j'ai longtemps eu avec moi en permanence, depuis oublié et retrouvé avec joie. En voyant votre commentaire, j'en ai été d'autant plus joyeuse!

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  4. En résonnance avec toi, ce texte, délicat et vrai, profond comme tes photos, et le choix du Cantique de Racine. Je ne viens que trop rarement m'abreuver à ta source. Prends soin de vous
    Amitiés

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    1. Oui, viens plus souvent ;-) j'en serai très heureuse, si tu y trouves une nourriture, c'est bien. Je viens régulièrement te lire, silencieusement. Merci!

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  5. Difficile évidence entre la vie au coeur du monde, son effervescence suggestive et la richesse de son pays intérieur, le besoin de beauté et d'isolement. Je crois que l'on que l'on passe bien du temps à osciller entre ces deux là...
    Et puis cette très belle citation de Rilke... qui dit peut être l'essentiel de ce que devrait être notre rapport à l'autre, une ligne fragile mais confiante pour avancer ensemble...
    Tout est équilibre...
    Merci pour ce partage, ça fait du bien... :-*

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    1. Un parcours d'équilibriste alors, cette traversée dans la vie. Bises!

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  6. Quel beau billet Christiane, tu vois, il me semble qu'il nous faut faire confiance à notre chemin de vie même si parfois l'on se sent dans l'hiver de celle-ci. C'est beau de s'extraire du quotidien pour avoir un autre point de vue sur les richesses de notre cœur,c'est un cadeau. Les choses sont, les gens sont, la vie est... et il y a tant de merveilles à cultiver. Je t'embrasse, je te remercie 5 jours sur 7 de m'avoir fait connaître Matin Magique, lumineux dimanche à toi et à ceux qui t'entourent. brigitte

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    1. Merci Brigitte! Je suis contente de t'avoir transmis ce lien. Pour les intéressés, voici, une pensée chaque jour (revigorante de Marie-Pier de Québec que je cite ici:
      "Et si vous faisiez le plein de soleil et d'inspiration avant de commencer la journée? C'est exactement ce que je vous propose avec Matin Magique... Les messages que je vous ferai parvenir vous amèneront au fil des jours à renouer avec la plus vibrante version de vous-même et la plus délicieuse version de votre vie." :

      http://www.matinmagique.com

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  7. la musique est si belle, elle et tes images à la beauté sereine portent tes mots. à lire tes billets toujours le temps (la course trop souvent ici) s'arrête. pause emplie de rêve, de souvenirs, de résonances.
    notre vie oui est vulnérable, difficile et belle.
    prends soin de toi.

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