mercredi 7 novembre 2012

Les ailes du désir





 






 

 



Des immeubles,
hauts,
des voitures,
bruyantes,
des bus,
dans un sens,
dans l'autre,
monter dans celui-ci,
descendre au bon endroit,
marcher.
Aller aux lieux choisis.
Tout est comme avant,
rien n'est comme avant.
Quinze ans d'absence.
Me reconnaissez-vous?
De passage, juste de passage.
J'ai envie de te le dire,
à toi, passante et à toi,
ma voisine de bus pour un court instant.
Je pourrais vous raconter,
ce qui m'a fait venir dans cette ville,
cette invitation,
ce prétexte pour passer la frontière.
Retour d'exil.
Etrangère.
Quelques heures seulement,
un jour, une nuit, un jour,
bien assez,
trop peut-être.
Je reprends le chemin de l'exil.
De retour en France,
fatiguée,
je me plonge dans

les rêveries du promeneur solitaire :

Première promenade

Me voici donc seul sur la terre, n'ayant plus de frère, de prochain, d'ami, de société que moi-même. Le plus sociable et le plus aimant des humains en a été proscrit par un accord unanime. Il s ont cherché dans les raffinements de leur haine quel tourment pouvait être le plus cruel à mon âme sensible, et ils ont brisé violemment tous les liens qui m'attachaient à eux. J'aurais aimé les hommes en dépit d'eux-mêmes. Ils n'ont pu qu'en cessant de l'être se dérober à mon affection. Les voilà donc étrangers, inconnus, nuls enfin pour moi puisqu'ils l'ont voulu. Mais moi, détaché d'eux et de tout, que suis-je moi-même? Voilà ce qui me reste à chercher. Malheureusement, cette recherche doit être précédée d'un coup d'oeil sur ma position. C'est une idée par laquelle il faut nécessairement que je passe pour arriver d'eux à moi. Depuis quinze ans et plus que je suis dans cette étrange position, elle me paraît encore un rêve. Je m'imagine toujours qu'une indigestion me tourmente, que je dors d'un mauvais sommeil, et que je vais me réveiller bien soulagé de ma peine en me retrouvant avec mes amis. Oui, sans doute, il faut que j'aie fait sans que je m'en aperçusse un saut de la veille au sommeil, ou plutôt de la vie à la mort. Tiré je ne sais comment de l'ordre des choses, je me suis vu précipité dans un chaos incompréhensible où je n'aperçois rien du tout; et plus je pense à ma situation présente et moins je puis comprendre où je suis.

Jean-Jacques Rousseau












27 commentaires:

  1. "Les ailes du désir" quel film merveilleux et quels mots merveilleux...
    Ce ballet céleste nous emmène loin, comme le promeneur solitaire... "plus je pense à ma situation présente et moins je puis comprendre où je suis", nous sommes nombreux et nombreuses à vivre ces états, nous cherchons, nous nous cherchons. C'est amusant, je lis un petit livre en ce moment, prêté par une douce amie, "le déclic libérateur", on y parle de ces voyages entre conscient et inconscient : le conscient imagine, ressent, bout... puis on lâche tout (il le faut), place royale à l'inconscient qui travaille pour nous, hop !!! une idée fulgurante ou une nouvelle façon de penser surgit dans notre conscient... Le promeneur qui se croyait solitaire est accompagné... La danse céleste est là. Belle journée à toi. brigitte

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    1. Merci Brigitte pour ce précieux retour à ce billet et le rappel que nous sommes accompagné.

      "les ailes du désir" un des films que j'ai vu une dizaine de fois.

      Le déclic libérateur, je ne connais pas encore.
      Bien envie de le lire.
      J'ai entendu parler aussi du livre
      "le déclic, transformer la douleur qui détruit en douleur qui guérit" de Marilise Labonté. Je l'avais entendue à la radio. J'aimerais le lire un jour.

      Bonne journée à toi aussi!

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  2. ....Les ailes....Le désir...La liberté...Partir...Amnésie...Eclater...Exploser...Partir...
    Fatiguée...Epuisée...Cadenassée...Suis je folle...perdue...dolorosso...

    Je t'aime et t'embrasse petite Christiane de là dans la vie...

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    1. Vole hirondelle, vole, ne reste pas enfermée, le ciel est vaste!
      Je t'embrasse.
      Pensées pour toi.

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  3. Je rêve ou c'est bien Genève en arrière-plan de tes photos? Je me suis posé la question dès la première photo et après les avoir toutes attentivement regardées, je suis à peu près sûre que c'est Genève. Que te dire... que ça m'a terriblement émue de voir des photos que tu as prise dans ma ville, ma ville natale, ma ville bien-aimée, enfin à nouveau aimée après l'avoir photographiée en long et en large pendant au moins toute une année. Donc l'exil j'ai connu aussi, même si je ne suis pas partie. J'ai connu l'exil du coeur, l'exil de moi-même avant de faire à nouveau la paix avec bien des choses. Merci pour ce regard posé sur des paysages que je connais! J'aurais beaucoup aimé être cette passante :)

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    1. Oui Jeanne, c'est bien Genève. J'ai failli t'avertir, te donner rendez-vous, même pour cette séance de cinéma à laquelle j'étais conviée, parce qu'il se trouve que je connais(sais) le réalisateur et son assistante. Deux invitations m'attendaient à l'entrée, tu aurais pu être la deuxième (ou la troisième avec Spiruline), je n'ai pas pris le temps de t'avertir. J'étais seule au milieu des spectateurs, écoutant les voix derrière et à côté de moi, surprise de ces accents vaudois et ceux chantant de Genève, ces intonations de la langue française que j'avais oubliée... Mes enfants et mon mari, pendant ce temps, étaient dans un cinéma à Balexert, Astérix ;-).
      Bises,
      la prochaine fois, je te le dis, promis!

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    2. Oh je ne t'en veux surtout pas d'avoir pris le temps, pris le temps pour toi dans ce moment particulier! Je suis bien contente que tu l'aies fait. Je ne voudrais pas m'imposer. On prendra ce qu'offre la vie. Un jour, une rencontre. Ou pas. Je suis simplement très touchée par ces paysages et ces oiseaux, ces couleurs, cette lumière que je connais, rendue si pleinement par tes photos! Merci encore et surtout reste toujours libre!

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  4. En ouvrant ton blog et en lisant le titre de ton billet ce matin, je me suis dit que tu étais enfin allée au bord de la mer.... Et puis au fil de ma lecture, j'ai compris que tu étais revenue chez toi. Enfin... Plus vraiment chez toi mais quand même. Ton lien avec ce pays me semble compliqué, douloureux presque, j'espère vraiment que nous pourrons en parler un jour. J'aimerais te rencontrer mais la fin de l'année est si remplie. L'an prochain est une année particulière pour nous deux, il faudra en profiter pour concrétiser les liens non? Je t'embrasse et te souhaite un fin de semaine sereine comme le fol de ces mouettes sur le leman

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    1. Je ne sais pas si c'est mon lien qui est compliqué, ou si c'est un pays particulier. Je vais tenter de résoudre cette énigme lors de prochaines visites. Ce pays natal n'est en tous les cas plus mon "chez moi".
      Bises et à l'année prochaine alors...

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  5. Magnifiques photos! Pour avoir essayé, je sais combien il est difficile de les saisir au vol.
    Partir, y retourner en visiteuse des années plus tard, ça fait drôle, c'est vrai. Mais il existe un côté ludique, un regard de haut, comme si on planait.
    Excellent weekend.

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    1. Je crois que ces mouettes se sont "imposées" à mon objectif. Elles étaient sous mes yeux, c'était formidable, elles tournaient autour de nous.
      C'est vrai ce que tu dis sur le retour au pays. On peut le voir ainsi.

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  6. Clémentive V-S.9 novembre 2012 à 16:23

    Magnifique photos... Comme d'habitude.. *.*
    On t'embrasse fort, toi et ta famille!
    Clémentine & cie.

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  7. Dès les premières images, j'ai reconnu le lac et ses mouettes. Nous y étions,nous aussi, jusqu'à ce matin, tout près, juste en face, entre Montreux et Vevey, les mouettes tournoyant autour d'Elsa, et les mêmes nuages bas.
    Comment était le film ?

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    1. Incroyable!
      Tu es restée plus longtemps que moi certainement.
      J'ai aimé le film. Pendant la projection, je n'étais pas à l'aise avec les personnages, puis lentement, je me suis laissée entraîner. Avec le recul, je trouve que cette adaptation est vraiment intéressante. Il y a aussi des très beaux moments de cinéma et des images superbes.
      Il sera visible le 12.12.2012 sur la chaîne de la télévision suisse.

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  8. J'aime beaucoup venir ici. Il arrive que parfois, je m'y pose et je regarde sans rien avoir à dire, en pensant que peut-être ce que je pourrais dire n'apporterait rien au plaisir d'être là et de lire et voir... Alors, je ne dis rien. Je suis là et j'y suis bien dans le silence.

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    1. Cela m'arrive souvent aussi, en visite sur d'autres blogs, comme le vôtre. Je suis de plus en plus muette ici et là, ce qui ne veut pas dire désintéressée. J'aimerais bien pouvoir juste laisser une trace qui montre que je suis venue, silencieusement. Il est vrai aussi que j'aime bien lire les commentaires des lecteurs. Laisser quelques mots, c'est généreux.

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    2. Les commentaires sont un lien mais parfois il est difficile de trouver quelque chose d'un peu intelligent à dire (Ne pas savoir pourquoi!).
      Mais savoir qu'on est venu lire, réconforte, encourage, pousse. Alors?
      Dire qu'on est venu, simplement?

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  9. Alors, une trace, juste une trace : semblable à celle que laisse sur l'eau le ricochet d'un galet tout lisse. Merci Christiane !

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  10. Tes photos sont belles, et s'enlacent merveilleusement à tes mots. Quant à Rousseau, évidemment ...
    Je t'embrasse

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    1. Si tu as l'occasion de voir le film... (clique sur le lien).
      Tu me diras ce que tu en penses. Bises!

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  11. "alors tout comme l'oiseau tu ne seras plus qu'un trait inscrit dans l'espace"...
    des bises

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  12. C'est un début ma belle. Se connectez avec le qu'est ce que ça me fait de repasser la frontière...La suite viendra. Souvent en pensée avec toi, mais si peu de temps pour moi en ce moment pour nourrir les amitiés j'en suis désolée. C'est une frustration. Je t'embrasse à travers le brumes...

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  13. J'aime ton texte tout en mystère, en non-dit, la symbolique des mots, des images au-delà du sens premier peut-être ?

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  14. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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