Il neige, enfin...
L'odeur si particulière de la neige,
je ne sais pas ce qui la compose,
mais elle me ramène systématiquement au pays de l'enfance,
la part belle.
Il paraît que pour être bien,
c'est mieux de vivre juste l'instant présent.
Vous y arrivez?
Moi pas.
Imprégnée,
en permanence,
de plusieurs strates d'instants de vie,
mon être joue sa musique,
trio, duo, quartet,
symphonie parfois.
Le passé et le présent qui ne cessent de s'entremêler.
En vrac:
Passé une heure dans la z.i. Ste Elisabeth, magasins de toutes sortes, des dépôts-halls qui ressemblent à ceux de ma vie en Louisiane, il y a trente ans. Place aux voitures, je marche, la mienne est chez le garagiste pendant deux heures. Il faut attendre ou se promener dans cette zone froide, presque inhumaine. Je traverse les parkings, entre dans un magasin de meubles, du bon marché, du "qui cassera bientôt", du "fait vite" dans un pays lointain. Sortir, chercher un endroit où manger et boire quelque chose, éviter les voitures, la petite qui n'a pas l'habitude du monde "d'en bas", me dit que ça pue, mais tout l'amuse, elle saute sur les bandes blanches des rares passages faits pour les piétons, me demande ce qui est écrit, là parterre, puis plus loin, l'enseigne d'un magasin. Je souris d'être avec elle. Je vois une femme dans une voiture sur un parking. Je la trouve belle. A ses côtés, une jeune fille qui lui ressemble. Sa fille? L'une parle, agitée, visiblement fâchée: La mère. L'autre pleure, semble vouloir lui expliquer quelque choses entre deux sanglots. Mais la mère n'écoute pas, ou ne la comprend pas, ce qui revient au même. Nous entrons dans une boulangerie, industrielle. Nous achetons une baguette, c'est ce qu'elle aime pour son goûter ma puce. Trois petites tables de rien et des sièges gris, froid, pour manger ce bout de pain sorti de la chaîne de fabrication, croustillant et trop salé. Un café, industriel dans un gobelet en plastic. Du bruit qui sort de haut-parleurs de mauvaise qualité, une radio, celle diffusée dans toutes les zones marchandes maintenant. Plume de canard, rien ne m'atteint, je me sens d'un autre temps, d'un autre monde. Celui que j'aimais et qui m'a composée, fait de bistrots chaleureux, de café mousseux, avec un petit carré de chocolat au bord de la sous-tasse, les tables en bois ou habillées de jolies nappes, le bruit de la machine à café italienne qui moût le grain, le tintement des cuillères et les conversations qui animent l'espace, les piétons qui marchent les bras chargés de paquets, sont dans mon coeur et circulent dans ma mémoire cellulaire. Je suis de passage sur Terre, et bientôt, je serai assise au volant de mon bolide pour suivre la route qui monte sur les sommets, une musique diffusée dans l'émission "open jazz", ma découverte du jour, Tord Gustavsen.
Il neige, enfin...
Le texte est empreint d'une nostalgie floconneuse et admirablement accompagné par le Trio Gustavsen... Merci pour ce moment suspendu...
RépondreSupprimerUne musique qui effleure, tout comme des flocons de neige...Merci pour cette belle découverte.
RépondreSupprimerCe texte m'atteint. L'odeur de la neige, les souvenirs toujours, d'un ailleurs, d'un autrement, d'un autre temps, la difficulté à composer avec un monde vécu comme vide de sens et plein d'agression... Le refuge enfin.
RépondreSupprimerJe crois que tu lis l'anglais, je voulais te parler de cet article qui pourrait te parler : http://lusaorganics.typepad.com/clean/2012/01/manifesting-lessons.html
Bises depuis ma contrée nue de neige.
Merci pour ce lien. J'ai visité et aimé lire. A mettre dans la colonne de droite assurément dans ma rubrique "attitude". Bises+++
SupprimerContente que cela t'aie plu !
SupprimerNeige nouvelle en flocons musicaux... Merci chère artiste
RépondreSupprimerIl est vraiment si triste, ce centre commercial ? J'ai l'impression d'être dans un film de Aki Kaurismäki. Vite, vite, rentrer à la maison. Sur la colline, les doux flocons.
RépondreSupprimerJ'aime vraiment bien l'idée et la comparaison avec Aki Kaurismäki ;-) puisque je rêvais d'être cinéaste.
SupprimerBon, il ne s'agit pas vraiment d'un centre commercial, mais d'une zone industrielle et commerciale. L'ambiance y est effectivement TRES triste. Il existe des centres commerciaux ailleurs qui me rappellent également ceux des USA et qui sont plus gais, comme celui de Dijon, mais de toutes façons, je n'aime pas ces espaces qui ont remplacés petit à petit l'ambiance des centres-villes.
Et je voulais te dire, Christiane, j'ai tenté de reproduire tes oiseaux légers sur des galets choisis. Rassure-toi, c'est totalement raté .... Une prochaine fois, je te confierai la tâche.
RépondreSupprimerbelle musique dans une ambiance hivernale.
RépondreSupprimerDame Holle secoue ses flocons...il neige sur terre.
Je viens d'aller découvrir Dame Holle... que je ne connaissais pas encore. Merci!
SupprimerComme tu as de la chance d'avoir de la neige sur la si jolie colline. De vous être confrontées à la ville polluée et bruyante, votre maison a du vous sembler bien douce.
RépondreSupprimerMerci pour cette musique... un musique de neige, légère et nostalgique...
RépondreSupprimerIl neige ici aussi, un peu... je rêve d'un coin de cheminée, d'un bon thé...
bien loin des zones commerciales sans âme !!!
Je n'ai jamais aimé les zones industrielles, où qu'elles soient, ce n'est pas mon univers non plus. Tu décris exactement ce que je ressens et ce que j'aime (sauf que je ne bois jamais de café, mais des chocolats bien mousseux ou un thé parfumé ça va aussi hein?). Je ne connais pas Tord Gustvson et zut je n'arrive pas à entendre le morceau que tu as mis sur ton billet... bises de ma campagne réfrigérée
RépondreSupprimerTrès beau texte.... Moi aussi de plus en plus souvent, je me sens d'un autre temps, d'un autre monde. Remettre un peu de beauté, d'élegance, de douceur.... Il a neigé à Paris aussi et pendant quelques petites heures Paris était blanche et calme
RépondreSupprimerSuperbe. Tout. La neige, la musique, le texte à lire et à relire, la simplicité magique du dessein. Merci.
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