Nature silencieuse

Ces jours derniers, je sentais souvent l'écriture au bout de mes doigts, des phrases qui venaient et virevoltaient, presque palpables. Ceci, je vais le dire comme ça, et cela, oh comme j'ai envie de le partager ainsi, ce souvenir ou cet instant présent, je le fomulerai de cette façon. Je n'ai pas pris le temps de les déposer. Emportée par ou peut-être plus précisément, emprisonnée dans mon rôle de maman. La belle excuse... Me voilà derrière l'écran, clapotant sur ce clavier et tout semble avoir disparu, les mots dorment tout comme la maisonnée qui me laisse enfin dans le silence de la nuit. Comment aller repêcher ces saveurs qui m'ont traversées, en regardant les paysages, assise au volant de ma voiture, roulant sur ces petites routes qui m'aident à éclaircir le fourmillement dans ma tête? Le mouvement m'ouvre l'esprit, l'extrait en quelque sorte de son enfermement.  Là, maintenant, tout est immobile. Je m'étais assise pour fermer l'écran, regardant une dernière fois la page des commentaires que certain(e)s personnes aiment déposer ici et j'ai osé cliquer sur "nouveau post". Pas de sujet particulier aujourd'hui, juste une envie de laisser mes doigts s'agiter sur les touches creuses d'un clavier en plastique que je connais si bien. Je dis "oser" parce que je crois qu'il faut du courage pour se lancer ainsi dans le vide d'une page vierge, ne pas connaître encore la construction que ces lettres assemblées formeront, et puis surtout, sans chercher à vendre quoi que soit, convaincre ni d'ailleurs être autorisée par qui que ce soit, décider de publier. Vous savez quoi, en ce moment, je trouve la vie si belle et en même temps, complètement absurde. Voilà tout ce que j'ai à vous offrir, une joie de vivre absurde, sans raison particulière. Aucune envie si ce n'est de remplir le vide du blanc et laisser ces caractères noirs rythmer l'espace, ce soir, je suis sans fard, je ne suis rien de particulier, un mélange de couleurs, formes, figures, lignes, odeurs, goûts, textures, un trop-plein peut-être qui cherche une issue. C'est sans intérêt et c'est cela même, à cet instant, qui se présente à moi et que, si vous avez réussi à lire jusqu'ici, se présente à vous.Vous êtes venus ici par hasard, ou par curiosité, peut-être par amitié virtuelle ou réelle. En cette période de l'Avent, vous cherchez, je suppose, des images, idées, objets, évocations de Noël. Ou encore, pour d'autres raisons que je ne connais pas, vous vous promenez dans cet immense réseau internet. Pour ma part, je voudrais juste vous offrir un temps de repos, un air de rien, du silence qui s'écoulerait comme un thé bien chaud dans une tasse que vous pourriez tenir de vos deux mains, une fumée caressant votre visage, aucune stimulation du désir autre que celui d'être là.