Un bal de musique "trad", non, cela ne lui plaisait guère.
Mais une démonstration de tango argentin, ça, oui, elle le voulait bien.
Et comme il était question des deux mélangés,
elle s'était dit qu'elle irait.
Elle lui en a parlé, mais elle voyait bien qu'il n'était pas très chaud.
Pas à cause du tango,
mais plutôt une question de contexte.
Pas le bon lieu?
pas les bonnes personnes?
pas le bon jour?
Pas le bon quelque chose...
Il aime danser pourtant.
"J'y sens pas" telle fut la réponse.
Le jour venu, elle a décidé de se préparer,
"une fois habillée, je verrai bien si j'y vais" avait-elle dit.
Elle a mis des collants,
les plus jolis,
et une robe avec des volants.
Elle a mis ses chaussures noires,
celles qu'elle avait achetées pour aller,
peut-être,
qui sait?
danser un jour avec lui.
Elle a mis un cache-coeur en laine par-dessus sa robe,
puis une écharpe,
chaude mais élégante,
puis elle a habillé sa fille, si petite encore
mais qui voulait bien aller voir la danse avec elle.
Avant de partir, elles se sont regardées dans le miroir.
Parfait!
Seulement voilà,
arrivée vers sa voiture,
"elle y sentait plus non plus".
Les vêtements sont retournés dans l'armoire,
la petite n'a pas très bien compris à quoi elles avaient joué...
Elle a mis ses chaussures de sport,
pour se consoler,
est partie courir dans le pré des chevaux,
évitant les crottins,
évitant les ronces,
évitante,
décidément évitante.
C'est si souvent comme ça... et si souvent on ne s'écoute pas, parce que ça fait pas sérieux d'écouter ces sentiments irrationnels qui nous font prendre une autre direction alors qu'on avait pourtant décidé. Très émouvant ce texte! J'aime bien ce respect de soi-même, cette écoute attentive et ... cet évitement qui peut-être savait que c'est pas encore le moment de ne pas éviter...
RépondreSupprimerOn pourrait dire qu'on court pour s'éloigner de nos évitements mais moi j'aimais courir pour mieux leurs faire face.....il me semble que toi aussi ?
RépondreSupprimerLe plus agréable, finalement, c'est l'avant, se glisser dans une robe de soie, puis dans une autre, et une troisième, essayer une coiffure, trois ou quatre paires de chaussures, tournicoter devant le miroir, et oui, tout remettre au placard !
RépondreSupprimerL'idée d'une chose est parfois plus séduisante que la chose elle-même, jusqu'au jour où l'on est prête...
RépondreSupprimerC'est tellement ça. Cela m'arrive si souvent cette valse du j'y vais, j'y vais pas... Parfois je regrette mais très, très souvent, je suis comme soulagée! Et si vous dansiez à la maison? Vous y sentirez peut-être mieux? bonne journée!
RépondreSupprimerC'est l'histoire de ta vie, Christiane!
RépondreSupprimerDes envies, des enthousiasmes, des attirances, puis des renoncements au dernier moment et peut-être des regrets.
Fonce Christiane. Le bonheur ne se construit pas sur des regrets.
Joséphine
Et si tout cela n'était que pour aller vers l'essentiel...
RépondreSupprimerCe qu'on ne voit pas...
"Le monastère d'Uchon est grand comme un nid d'hirondelle. A l'intérieur du nid, deux religieuses vêtues de noir, encerclées par un feu d'icônes.
La mort en tapant sur le bois d'une icône s'évapore comme une goutte d'eau sur une plaque de fer blanc chauffée à blanc.
Les murs du monastère sont ornées de fresques. Un apôtre trempé d'or me tend son livre mais je l'écarte un peu sèchement, pour l'heure j'ai trouvé mieux: devant la fenêtre ouverte du réfectoire, au fond d'un pré un âne rêve. Le bois de la fenêtre encadre l'icône vivante. Le goût d'une touffe d'herbe attirera bientôt l'âne hors du cadre et il ne restera plus que le rocher et le ciel bourré de bleu au-dessus d'une colline rougeoyante du Morvan: une autre icône, un autre jour, pour d'autres yeux que les miens. L'âne sur son rocher est plus beau que l'apôtre glacé à l'or fin sur le mur. C'est que l'un est vivant et que l'autre n'est que peint. L'âne porte placidement sur son dos des tonnes de masse d'air, d'étoiles lointaines et de sens de la vie.
Je te salue à travers l'infranchissable vitre de papier blanc, petit âne aux yeux charbonnés d'étonnement. Tu ne sauras jamais combien j'ai aimé ta manière d'être attentif aux riens du ciel.
Nous ne disposons que d'une seconde pour voler à la vie les bracelets de lumière qui tintent à ses poignets.
Je ne voyais ni Dieu ni ses conseillers avant de penser à enlever mes mains de devant mes yeux.
Le renard à la rousseur pensive risque dans le pré, à dix mètres de la table sur laquelle j'écris. sa lenteur bénit l'herbe verte. Un grand maître passe.
Je me demande ce qui manque à la vie quand la beauté traverse une seconde.
Peut-être rien."
Christian BOBIN
(page 32 de son dernier livre)
Il importe, vous deviez être très belles Bianca et toi...
Aucun regret : ce sera pour une prochaine fois !
Etrange tenue, pour une balade à cheval. Je regarde les dessins avant de lire le texte. J'ai donc eu le temps de t'imaginer, auréolée de soie et mousseline volant au vent, traversant des forêts enchantées sur ton cheval ardent !
RépondreSupprimerAller seule pour danser, ce n'est pas pareil qu'accompagnée de celui qu'on aime. La prochaine fois, il fera plus que t'accompagner, c'est lui qui t'emmènera. Qui sait, vous partirez à cheval, peut-être ?
Ah parce que vous écoutez vos ressentis ???!
RépondreSupprimerM'avait demandé la psy d'un air méfiant.
...
ben..euh..oui
J'aime ta façon de chroniquer et nous faire partager.
Biz
je vous découvre au hasard de flanerie sur la toile et j'aime beaucoup votre "univers" !
RépondreSupprimerdommage ! C'est tellement bon de danser !
RépondreSupprimerC'est le rythme de la vie !!
Et si le plaisir, c'était justement tous ces préparatifs ?
RépondreSupprimerDes fois on se force un peu et finalement c'est bien... et parfois, vraiment, on ne le sent pas... c'est pas le jour !
Il est sacrément joli, ce texte ... On a juste envie de chuchoter, après ... et de se rassurer aussi ... Dis, il va bien t'accompagner pour une balade à lui qui lui plairait ...
RépondreSupprimerAmitiés
C'est si joliment écrit... Mais elle a-t-elle compris finalement pourquoi elle n'y était pas allée? Est-ce parce qu'elle ne voulait pas y aller seule? J'ai du me faire violence pour faire des choses seule, parce que pas le choix.C'est difficile mais parfois c'est le seul moyen pour faire ce que l'on a vraiment envie de faire. Je t'embrasse:-)
RépondreSupprimer@Merci pour tous vos mots qui m'ont accompagnées cette semaine, dans cette réflexion autour de l'"évitement", mes barrières ou mes gardes-fous? Bien sûr, il faut aussi remettre les choses dans leur contexte et il serait trop long de l'expliquer ici. Je n'ai pas dansé, mais cet évitement m'a permis de comprendre mes peurs, mes envies, les besoins aussi, différents pour chacun dans un couple.
RépondreSupprimerLa bonne nouvelle est que nous irons jeudi prochain à un cours d'essai de tango argentin, donc... tout vient à point...
Comme elle est drôle cette histoire et si joliment racontée. Tu t'épanouies complètement ma belle, quel nouvel espace émouvant tu as créé là. Je t'embrasse fort
RépondreSupprimerQuelle adorable petite robe.
RépondreSupprimer